10 avril – 2008-2018

C’est horrible les petits détails qui nous reviennent dans la vie… C’est horribles comme des petits détails restent graver pour la vie.

Je suis capable de vous raconter ma journée du 10 avril 2008 comme si elle s’était passée hier…

Mais c’est a toi que je vais la raconter.

La dernière fois qu’on s’était vu, c’était le lundi 7 avril, je rentrais d’un weekend chez mon copain, je suis passé vite fait à la maison pour me changer avant d’aller bosser, j’était d’après midi cette semaine là, ça permettait de prolonger un peu le weekend. Je me souviens que quand je suis rentré, tu préparais ton sac, tu devais rentrer à l’hôpital pour quelques examen… Encore aujourd’hui j’ai pas compris lesquels. On s’est simplement croisé, on s’est dit au revoir comme si on se reverrait quelques jour plus tard… Habituel vu ton passé de routier, il était pas rare qu’on ne te voit pas de la semaine, ou bien la connerie d’un gamin de 20 ans qui se rend pas compte…

Le jeudi qui a suivi, je passais comme chaque matin de la semaine, ma matinée sur mon ordi, habitude de geek, ce matin là j’ai entendu quand t’a appelé maman au téléphone… elle avait le sourire, tu la faisais rire… c’était son jour de congé, donc a la fin de l’appel, elle te disais à tout a l’heure parce qu’il était prévu qu’elle passe te voir. après ton appel, elle est parti faire quelques courses… c’est à ce moment là que tout a basculer…

Un appel sur mon téléphone, Je décroche en voyant que c’était maman, je me suis dit qu’elle avait sûrement oublier un truc qu’il faudrait que je lui descende en bas de l’immeuble. J’aurai tellement préféré. Elle était en pleure et en panique suite à l’appel de l’hôpital. Elle était à La poste quand il lui ont dit “Venez mais pas seul”. Evidemment, j’étais le seul qui restait à la maison et même en étant un petit con de 20 ans, je savais que le “venez pas seul” voulait déjà tout dire…

On prend ma voiture, j’emmène ma mère, en prévenant rapidement frère et sœur, on se retrouverait là-bas… Evidemment nous étions les premiers sur place, c’est donc moi qui ai dût accompagner maman dans le bureau du médecin. L’attente infernale avec une infirmière dont le visage en disait long, mais elle ne pouvait rien dire, obligée d’attendre le médecin, c’est à lui de le faire. Il ne faut pas longtemps après son arrivée pour qu’il nous confirme nos craintes… Plus d’une demie-heure a essayer de nous expliquer ce qu’il s’est passé, ce qu’ils ont tenté pour te ramener… une demie-heure a tenter en vain d’intérioriser… Ils nous on ensuite proposé de te voir, j’ai pas pu, a partir de là, je n’ai jamais pu, je suis resté sur la dernière connerie que tu m’avais dis le lundi avant de partir… Après c’est mon frère qui est arrivé… Comme si le début de la journée n’était pas assez compliqué, il fallait que ce soit moi qui lui dise… ça aussi j’ai pas pu, je me souviens que j’était tétanisé à cette idée, je ne tenais même pas debout, j’ai dû demander de l’aide à une infirmière pour qu’elle fasse le “sale boulot” pour moi. a peine l’ascenseur passé, elle lui annonce, je me souvient du coup de poing qu’il a donné contre un mûr, l’extériorisation que j’aurai aimé faire moi aussi… et pourtant juste impossible, je voyais ma famille tomber, j’avais l’impression que si je me laissait tomber aussi… alors personnes ne se relèverait. J’ai pris sur moi à partir de là, pour maman, qui venait de perdre l’homme de sa vie, pour mon frère, qui a toujours adoré son père, pour ma sœur, qui avait aussi ses enfants à protéger de cette réalité… il y avait plus que moi pour prendre tout ça sur moi.

Je me souviens les coups de fils que j’ai du passer, d’abord a mon copain pour lui annoncer, je sentait a sa voix qu’il savait pas quoi dire. Etre dérangé au boulot et apprendre cette nouvelle… qui saurait quoi dire? L’appel que j’ai dû passé a mon travail pour leur annoncer que je ne viendrais pas aujourd’hui, je devais y aller une heure plus tôt pour rattraper un retard que j’avais eut la veille. C’est difficile d’expliquer ça a son responsable, qui te voit habituellement sérieux, grave, droit, comment garder les sanglot pour soi dans ces moment là? C’est difficile à un point… Une fois tout cela passé, une fois que tout le reste de la famille t’a revu une avant dernière fois pour te dire un premier au revoir, nous sommes reparti, reprendre la voiture après ça… garder le contrôle… sur le voyage retour je me souviens juste avoir fait attention au radar… Le truc bête, c’était pas le moment de se prendre en plus une prune sur mon permis probatoire…

Une fois rentrée… il fallait se faire à cette réalité, il fallait réagir, une semaine s’annonçait plus que compliquer… Déjà l’annonce, il fallait l’annoncer… Evidemment c’était pour moi. C’est moi qui ai dû annoncer la nouvelle à ta sœur, la sensation ressentie au moment où je sentais le malaise a l’autre bout du fil… L’entendre dire qu’elle avait besoin de s’asseoir, s’il fallait passer par le reste de la famille… je tiendrais jamais. Malgré ses difficultés, c’est elle qui s’est occupée de prévenir les autres, c’est que t’avais une sacrée fratrie…

Quelques heure après, c’est mon copains qui nous a rejoins a la maison, là j’avoue que ça commence a devenir flou… tout est allée si vite a partir de là jusqu’au passage à l’église. Le passage chez les pompes funèbres, les quelques soirée que j’ai passé seul, dans l’appartement de ma belle-sœur parce qu’il a fallu que je laisse ma chambre à des personnes de passage pour l’enterrement. Le fait d’aller chercher ma grand mère chez elle en Région parisienne parce que personne d’autre ne le pouvait… Les rendez-vous à l’église, l’écriture d’un texte pour te dire au revoir devant tout le monde a l’église…

Jusqu’au jour de l’enterrement… cet enterrement dont j’ai dû m’occuper des derniers préparatifs pendant que les autres étaient à ta mise en bière… J’ai refusé aussi d’y assister, et il fallait bien quelqu’un pour accueillir les gens a l’église… vérifier que tout était caler, donner le CD de Michel Sardou au Prêtre pour qu’il prépare la chanson d’entrée… Cet enterrement restera dans les mémoires… La difficulté ressenti au moment de lire le fameux texte face a cette assemblée… Le moment où le prêtre s’est trompé de CD, le regard de ma sœur et mon frère qui constate l’erreur, qui me disent fait quelque chose… Il fallait bien que ce soit moi… me lever au milieu de cette cérémonie parce qu’un homme d’église ne comprend pas la différence entre le CD1 et le CD2 d’un album… ,  me lever pour éjecter un p*tain de CD pour le remplacer par un autre, sélectionner la bonne piste, et lancer moi même la bonne musique! Hors de question que quelque chose aille de travers a cet enterrement, hors de question que la seule chose que ma famille retienne c’est “C’était pas la bonne musique”. La présence de personnes qui ne te connaissaient pas, et pourtant qui sont venu pour nous soutenir, parce qu’il savait qu’a travers nous, tu renvoyait l’image de l’homme bien et courageux que tu était.

Pendant cette épreuve et même après… A l’époque nous avions une maison à rendre suite a un déménagement. Il fallait refaire des travaux pour récupérer la caution… Comme si c’était le moment. Ce coup de vieux que j’ai pris en 2 semaines… toutes ces chose a gérer violemment quand quelques semaines plutôt, ça me dépassait complètement… ça ne me concernait pas du tout…

La claque de la réalité.

Aujourd’hui, ça fait 10 ans que tu nous as quitté, même si c’est le 10 ème anniversaire, c’est étonnamment le premier où tous ces détails me reviennent aussi clairement. Ces 10 dernières années il y a des périodes où finalement j’avais l’impression que tu reviendrais… comme tu avais été routier, ton absence était presque une habitude, mais tu revenais toujours… Je me souviens d’un après midi ou en m’assoupissant, j’avais l’impression de t’entendre parler dans la pièce a côté…

Parfois je me demande si vraiment j’ai fait mon deuil…

Parfois je me demande si la crise que je travers depuis plus d’un an ne viendrait pas de ce contrôle que j’ai préféré gardé lors de cette période…

 

Tu nous manques toujours, mais malgré ça, tu es toujours là…

Je t’aime Papa…

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